PICS Bien-être (CNRS-Univ. Toronto)
Indicateurs de bien-être : une co-construction selon une approche bioculturelle
Well-being indicators: Using a biocultural approach for co-construction
PI: Sophie Caillon (IBC, CEFE, CNRS) et Ken MacDonald (Dpt. Geography, University of Toronto)
Résumé
Par la co-construction d’indicateurs de bien-être selon une approche bioculturelle (i.e. en valorisant les indicateurs co-construits avec les personnes engagées sur le terrain et mesurant les interactions entre nature et culture), nous tâcherons de mieux comprendre les relations entre savoirs, pratiques et paysages (i.e. liens sociaux et attachement au lieu) et plus généralement entre humains et non-humains. L’objectif de ce projet PICS est de développer selon une approche bioculturelle des indicateurs de bien-être intelligibles à la fois par les chercheurs, les agriculteurs et les décideurs politiques. Notre projet collaboratif vise à intégrer les diverses sources de savoir et à favoriser les échanges (1) culturels et géographiques entre le Canada (Niagara, région Ontario) et la France (Faugères et Gaillac, région Occitanie), (2) les scientifiques en écologie et ceux en sciences humaines et sociales, et entre (3) les scientifiques, les agriculteurs et les décideurs politiques.
Summary
Using a biocultural approach to co-construct indicators (i.e. by valuing indicators co-constructed with people engaged in the field and by measuring the interactions between nature and culture), we will elucidate the relationships between knowledge, practices and landscapes (i.e. social links and attachment to the place) and more generally between humans and non-humans. The objective of this PICS project is to develop, following a biocultural approach, well-being indicators intelligible to researchers, farmers and policy makers. Our collaborative project aims to synthesize various sources of knowledge and to encourage cultural and geographical exchanges (1) between Canada (Niagara, Ontario region) and France (Faugères and Gaillac, Occitanie region), (2) between scientists in ecology and those in the humanities and social sciences, and (3) between scientists, farmers, and policy makers.
Projet de recherche
Depuis les premières mesures de l'indice de développement humain, des efforts ont en effet été faits pour mieux intégrer les conditions matérielles, la qualité de vie et la durabilité dans la définition du bien-être (Clark 2014, OCDE 2015). De nouvelles catégories d’indicateurs socio-environnementaux ont ainsi vu le jour, appelés Nouveaux Indicateurs de Richesse (NIR), Indicateurs de Développement Durable (IDD), indicateurs du “Sustainable Development Goals” (SDG) des Nations Unies ou Indicateurs de Bien-Être (IBE) (e.g. Stiglitz et al. 2010, Sébastien & Bauler 2013, Gadrey & Jany-Catrice 2012). La notion de bien-être traduit l’idée que la qualité de vie dépend de l’incidence d’un ensemble de circonstances spécifiques sur le ressenti qu’ont les individus de leur propre existence, et que la personne la mieux placée pour juger de la qualité d’une vie est l’intéressé lui-même (OCDE 2011).
Les approches bioculturelles que nous voulons mettre en œuvre dans ce projet reconnaissent et mettent l'accent sur les réalités des populations locales par le biais d'une approche privilégiant le point de vue locale, qui vise à éclairer la compréhension des relations complexes et des rétroactions entre les humains et leur environnement en intégrant les aspects biologiques et culturels d'un système (Maffi and Woodley 2010, Gavin et al. 2015, Sterling et al 2017-a, Caillon et al. 2017, McCarter et al. 2018).
Nous souhaitons développer une approche bioculturelle des indicateurs de bien-être qui nous semble performante pour révéler l’importance et les subtilités de deux grandes thématiques : les rapports à la nature et les liens sociaux entre les personnes (Masterson et al. 2017). Pour ce faire, nous nous appuyons sur la notion d’attachement au lieu, définie comme un lien affectif positif entre des individus et des lieux familiers (Altman & Low 1992). Il s’agit d’un concept multidimensionnel touchant à l’identité individuelle et collective, et présentant de fortes implications tant sociales, écologiques, politiques que spatiales (Sébastien 2016).
La création et la mesure d'indicateurs de bien-être par une approche bioculturelle peuvent contribuer à des stratégies de conservation équitables (Tanguay 2015, McCarter et al. 2017, Pascua et al. 2017, Sterling et al 2017-a, Zafra-Calvo et al. 2017). Ce processus de développement d'indicateurs de bien-être peut (1) faciliter le dialogue entre les populations locales et les décideurs œuvrant à des échelles plus globales, et entre les personnes de divers horizons réunissant une diversité d'expertises en sciences naturelles et sociales, (2) surmonter la dichotomie nature-culture qui rend souvent les approches globales incompatibles avec les approches locales en intégrant les diverses formes de relations à la nature, (3) incorporer les rétroactions entre les humains et leur environnement en mettant l'accent sur les processus, et pas seulement sur les états finaux, et (4) définir, mesurer et surveiller le bien-être écologique et humain dans son ensemble. Nous pensons que l'utilisation du même terme de « bien-être » pour les humains et les non-humains contribue à renforcer les interactions entre les humains et les non-humains (Caillon et al. 2017).
Nous souhaitons commencer nos premiers terrains d’enquêtes et de suivis en nous intéressant à la viticulture car elle met en scène des plantes pérennes et donc la pérennité des relations entre les humains et leurs plantes. Le monde de la viticulture offre un paysage très diversifié en termes de savoirs et pratiques associés à la gestion des ressources agricoles et environnementales, mais aussi en terme de relations à la nature, et de relations à autrui. C’est notamment le cas entre les terrains choisis en France (Faugères et Gaillac en Occitanie) et au Canada (Niagara en Ontario). Le terroir (paysage, écologie, histoire…), l’exposition au changement climatique (sécheresse à Faugères / évènements hivernaux extrêmes à Niagara), les institutions et les aides à la conversion biologique, le prix de la terre, les relations entre agriculteurs… sont autant d’éléments contrastants sur la manière dont les agriculteurs interagissent avec leur territoire. Ces oppositions nous permettront de tester notre méthode pour identifier des catégories supérieures d’indicateurs de bien-être.
2. Problématique
Quels sont les indicateurs de bien-être reflétant les liens sociaux et l’attachement au lieu (étudiés à travers les savoirs, pratiques et ontologies vis-à-vis des humains comme des non-humains) en France et au Canada ? Quelle est la diversité de ces estimateurs et la part de ces concepts dans la définition du bien-être des individus ? Si les indicateurs de bien-être sont connus pour être ancrés sur un territoire associé à une histoire et un contexte socioculturel particulier, nous aimerions identifier les catégories supérieures communes à l’ensemble des terrains. Comment s’articulent ces différentes catégories selon les contextes écologique, géographique et socioculturel (Faugères versus Gaillac; Occitanie versus Ontario), mais aussi selon la discipline des chercheurs engagés dans ce PICS (ethnoécologie, géographie et écologie) ?
Sachant que les nouveaux indicateurs de bien-être sont rarement utilisés de manière directe et instrumentale dans les prises de décisions politiques (Sébastien & Bauler 2013, Sébastien et al. 2014), nous questionnerons les potentiels usages des indicateurs développés dans ce projet en identifiant les acteurs impliqués et leurs interactions.
Chercheurs et unités de recherhe impliqués
Dans le cadre de projets portés par Eleanor Sterling et financés par le National Science Foundation - Catalyzing New International Collaborations (NSF-CNIC) et Science, Education, and Engineering for Sustainability (NSF-SEES), et le National Center for Ecological Analysis and Synthesis (NCEAS) - Science for Nature and People Partnership (SNAPP), nous avons travaillé sur la mise en place et l’utilisation d’indicateurs bioculturels mesurant la résilience dans un contexte insulaire, le Pacifique Sud (Sterling et al. 2017-a, 2017-b, Caillon et al. 2017).
D’autres collaborations pré-existent entre les chercheurs des différents laboratoires : Sophie Caillon (UMR5175), Mélanie Roy (UMR5174) et Léa Sébastien (UMR5602) collaborent sur le terrain de Gaillac en alliant des recherches en ethnoécologie, géographie et écologie (Fabregal et al. 2017).
Ken MacDonald et Scott Prudham travaillent sur les transitions agraires, la vinification collective et l'émergence de la viticulture biologique en Languedoc depuis deux ans (Prudham 2017). Ils ont particulièrement mis l'accent sur les départements de l'Hérault, de l'Aude et du Gard. Ils ont présenté leurs travaux en Espagne (MacDonald & Prudham 2017), et soumis un article (“Qualifying Tradition: Instituted Practices in the Making of the Organic Wine Market”) en révision dans la revue Agriculture and Human Values. Ken MacDonald porte un regard géographique sur les produits de terroir français depuis une dizaine d’années, comme l’atteste son travaille sur les fromages (MacDonald 2013).
Les chercheurs français de l’UMR5175 Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive apporteront des compétences naturalistes sur les terrains français, en particulier les écosystèmes méditerranéens. De plus, l’équipe “Interactions bioculturelles” a développé depuis de nombreuses années un savoir-faire interdisciplinaire ; travaillant sur des objets hybrides à l’interface entre sciences sociales et humaines et écologie (e.g. domestication, résilience, savoirs locaux naturalistes,...), les équipes sont par essence composées de chercheurs issus de disciplines distinctes qui ont l’habitude de travailler ensemble (cf. Sophie Caillon, Doyle McKey, Yildiz Aumeeruddy-Thomas, Delphine Renard, Rumsais Blatrix). Ce LIA permettra à un autre chercheur du CEFE, Pierre-André Crochet, spécialiste des oiseaux et des amphibiens, d’amorcer des recherches avec des chercheurs en sciences humaines et sociales. Deux chercheurs du CEFE n’ont pas pu être intégré dans la version électronique : Victoria Reyes-Garcia et Delphine Renard. Victoria Reyes-Garcia est chercheure à l’Université Autonome de Barcelone (Institución Catalana de Investigación y Estudios Avanzados), et est associée et hébergée au CEFE. Elle a été pionnière pour valoriser les méthodes mixtes alliant approches qualitative et quantitative en ethnoécologie. Delphine Renard a remporté un « Make Our Planet Great Again » (MOPGA) et commencera le projet au CEFE en septembre 2018. Elle y a notamment intégrée une thèse en co-direction avec Sophie Caillon sur l’adaptation au changement climatique des pratiques viticoles à Gaillac. L’UMR5174 Evolution et Diversité Biologique héberge Mélanie Roy, écologue, botaniste et spécialiste des réseaux d'interactions biotiques. Elle a une longue expérience du terrain de Gaillac où elle habite. Elle mène depuis plus de deux ans des inventaires botaniques dans les domaines de Gaillac avec les étudiants en écologie de l’Université de Toulouse. Elle a notamment montré que le terroir marquait profondément la composition floristique des domaines et qu’elle variait entre et sous les rangs de vigne (Fabregal et al. 2017). Par ailleurs elle est responsable d’un module en licence professionnel sur l’écologie de la viticulture, où les étudiants inventorient des espèces de plantes et oiseaux avec les viticulteurs de Gaillac.
Léa Sébastien est géographe au sein de l’UMR5602 Géographie de l’Environnement. Elle travaille sur les indicateurs d’attachement au lieu (Sébastien 2016, Sébastien & Bauler 2013) et a montré que les nouveaux indicateurs de bien-être sont rarement utilisés de manière directe et instrumentale dans les prises de décisions politiques (Sébastien & Bauler 2013, Sébastien et al. 2014), Elle désire enrichir son univers de recherche en créant des liens avec d’autres disciplines comme l’écologie.
L’équipe de l’AMNH partagera son savoir-faire sur la co-construction d’indicateurs, ses compétences didactiques pour l’enseignement (https://ncep.amnh.org/) et ses contacts et réseaux pour diffuser notre approche et les indicateurs développés dans le cadre du LIA au sein de la sphère internationale. Depuis 2006, et à travers plusieurs projets, l'équipe a collaboré avec des communautés locales et peuples autochtones pour explorer des pistes de gestion et d’adaptation culturellement appropriées et qui peuvent être communiquées efficacement aux niveaux national et international. Depuis 1999, l’équipe CBC de l’AMNH travaille à unir les praticiens et les éducateurs pour améliorer la mise en place de projets de conservation de la biodiversité en améliorant la formation, l'enseignement et l'apprentissage de la discipline biologie de la conservation.
L’équipe de l’Université de Toronto a des compétences écologiques, politiques, historiques et économiques à cette recherche. Plus particulièrement, elle apporte une vision critique des aspects sociaux et agronomiques associés à la production viticole dans l'Hérault et Niagara, en mettant l'accent sur les transitions contemporaines comme le choix d’un vin de qualité et l'émergence de pratiques viticoles et de certifications biologiques. L'équipe de l'Université de Toronto apporte un éventail de compétences interdisciplinaires au projet. L'équipe est composée de chercheurs qui ont l'habitude de travailler les uns avec les autres et partagent la supervision des étudiants (Ryan Isakson, Scott Prudham, Mike Ekers, Marney Isaac et Adam Martin). L'équipe de Toronto possède une expertise et une formation en agroécologie, résilience des agroécosystèmes, interactions plante-sol et analyse des réseaux sociaux (Isaac et Martin) et une expérience des pratiques des agriculteurs et de leurs interactions avec les environnements sociaux et écologiques (MacDonald, Isaakson et Ekers). Ceci est combiné avec des compétences en analyse institutionnelle et culturelle, et la pratique ethnographique (MacDonald et Prudham) qui s'est concentrée sur la production sociale de relations intégrales entre le lieu, la nature et la culture. Ils connaissent très bien le terrain de l’Hérault, où ils ont déjà conduit de nombreuses enquêtes avec plus de cinquante producteurs et représentants d'institutions (par exemple, des coopératives). Ils pourront ainsi faciliter l’accès de ce terrain à l’équipe française. De leur côté les chercheurs français déjà engagés sur le terrain de Gaillac seront heureux d’accueillir des chercheurs plus intéressés dans les structures coopératives. L'équipe de Toronto connaît également la région viticole du Niagara.
ANR ASSET (MOPGA)
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AgrobiodiverSity for a food-Secure planET Crop diversity as an insurance against climate risks to food production
ASSET (2018-2022) is a French Government funded project (2018-2022). Its main objective is to evaluate the role of crop diversity to reduce the vulnerability of food production and livelihoods to climatic instability and shocks.
Severe drought and extreme heat in recent years have caused yield losses across the world that, combined with socioeconomic, demographic, and policy conditions, have increased poverty and worsened access to nutritious food for many people, especially in developing nations. Climate projections show that these impacts and their human costs will worsen, making many of today's problems, including poverty, malnutrition and population movements, even more complex.
The breadth and urgency of the challenge posed to global food security by an increasingly warmer and unpredictable climate requires exploring any policies and actions that could promote more robust food systems. ASSET currently contributes to this effort.
Combining ecology, agronomy and ethnoecology, our team will provide new insights into where (field, landscape, regions) and what components (variety, species, functions) of crop diversity (i.e. agrobiodiversity) are critical for the resilience of food production under climate change. We are also strongly engaging with farmers in France, Morocco and Senegal to understand how they currently use agrobiodiversity to face increasing risks linked to climate variability and extremes. The ASSET project will yield novel insights for the design and implementation of adaptation strategies that are based on a deep understanding of the agroecological systems investigated, but which remain rooted in the practicalities of on-the-ground food production.
Team members PI: Delphine Renard PhD students: Marilou Demongeot, Antoine Doncieux Postdocs : Lucie Mahaut, Pierre-Antoine Precigout Researchers from IBC: Doyle McKey, Sophie Caillon, Yildiz Aumeeruddy-Thomas Researchers from other departments: Cyrille Violle, Florent Mouillot (IRD) Researchers from IRD: Cécile Berthouly, Adeline Barnaud Researchers from INRA: Corinne Robert
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Victoria REYES-GARCIA
Victoria Reyes-García est au CEFE de septembre 2017 à août 2021.
Short biography
Victoria Reyes-García (PhD in Anthropology, 2001, U of Florida) is ICREA Research Professor at the Institut de Ciència i Tecnologia Ambientals de la Universitat Autònoma de Barcelona (ICTA-UAB). Her research focuses on Indigenous and local knowledge systems, particularly in relation to the natural environment, and on the relevance of these knowledge systems to understand and deal with the climate and environmental crises. She co-directs the Laboratory of Analysis of Social-Ecological Systems in a Global World (LASEG), a research group that analyzes the impacts of global change on socio-ecosystems. Her last ERC-funded project studies local perceptions of climate change impacts (LICCI, www.licci.eu). She participates in the Transformative Change Report of the Intergovernmental Science and Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES). She is member of the National Academy of Science, USA (2021) and the Academie d'Agriculture de France (2022).
Research interests
My research encompasses the interdisciplinary study of the dynamic relations among peoples, biota, and environments. I use a multidisciplinary perspective (working with ecologists, economists, psychologists, agronomists, archaeologists, and computer scientists) and empirical data to analyse 1) the effects of global change on rural livelihoods and local environments and 2) social responses to environmental changes. My research draws on insights from anthropology and the behavioural sciences to work at multiple levels- from the views of villagers in developing nations to those of policy-makers in industrial nations. My current areas of research include 1) local indicators of climate change impacts, 2) public participation in the documentation of local knowledge, 3) the adaptive nature of local environmental knowledge, 4) Indigenous peoples and cultural change, and 5) local participation in biodiversity conservation.
Key words
Biocultural diversity; Conservation; Global change; Ethnoecology; Indigenous and local knowledge systems; local indicators climate change.
Websites
https://www.icrea.cat/Web/ScientificStaff/Victoria-Reyes-Garcia-390
Fabien DEMARES
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ORCID 0000-0002-2638-4247
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E-mail : fabien.demares (at) cefe.cnrs.fr
Résumé des projets de recherche
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Je suis chercheur en éco-toxicologie et je m’intéresse à différents aspects de la physiologie des insectes, notamment les pollinisateurs généralistes (abeilles et bourdons). Mon projet au sein de l’équipe IBT, sous la supervision de Magali PROFFIT, porte sur l’impact de la pollution à l’ozone sur le comportement des pollinisateurs.
Plus précisément, j’étudie l’effet d’une intoxication à l’ozone sur les capacités olfactives et mémorielles des abeilles domestiques. Une des principales interactions entre plantes et insectes s’effectue par les composés organiques volatils (COV) émis par les plantes et détectés par les insectes, par exemple dans le cadre de la pollinisation. Bien que l’effet de l’ozone soit plutôt bien décrit sur les plantes et les COV qu’elles émettent, au final peu d’études s’intéressent au versant pollinisateurs – et encore moins à l’aspect détection et réponse comportementale. Ainsi, je caractérise la réponse des antennes des abeilles exposées à l’ozone par EAG (électroantennographie) couplée ou non à un GC (chromatographie gazeuse). De plus, par des méthodes de conditionnement classique type PER (réflexe d’extension du proboscis), j’explore à la fois les processus d’apprentissage & mémoire et les processus de perception et traitement olfactif au niveau central. Notre approche est assez nouvelle et des manuscrits sont en cours d’écriture pour ce projet.
Avant de travailler sur les effets de l’ozone, j’ai mené (et publié) plusieurs travaux sur l’impact des pesticides sur la physiologie des insectes, principalement les abeilles (Toulouse France, et Prétoria, Afrique du Sud) mais aussi les moustiques (Floride, É-U). J’ai notamment caractérisé l’effet des néonicotinoïdes sur la thermorégulation et le goût chez les abeilles (2016 – 2018) ; précisé les rôles de variants d’un récepteur au glutamate dans l’apprentissage olfactif chez les abeilles (2012 – 2014) ; et exploré de nouveaux composés insecticides bloquant spécifiquement des canaux potassiques chez les moustiques anophèles, notamment les lignées résistantes aux pyréthroïdes & carbamates (2018 – 2020).
Je me situe à l’interface entre différents domaines tels que les neurosciences, la nutrition, l’écologie chimique, la toxicologie, et la gestion intégrée de luttes contre les nuisibles (IPM en anglais), auxquels s’ajoutent des compétences techniques en biologie cellulaire & moléculaire, en électrophysiologie, et en analyses de données.
Summary of research projects
I am an ecotoxicology scientist, and I am interested in insect physiology, with a focus on generalist pollinators (honey bees and bumblebees). Within team IBT, and under Dr Magali PROFFIT supervision, my current project studies the impact of ozone pollution on pollinators behaviors.
In more details, I study the effect of ozone intoxication on olfactory and memory capabilities of domesticated honey bees. One of the main plant-insect interactions is mediated by volatile organic compounds (VOCs) emitted by plants and detected by insects, within the scope of pollination for instance. Although the effects of ozone have been pretty well-described on plants and the VOCs they release, only a few reports looked at the pollinator side – and even less at the perception and behavioral response. Thus, I characterize the antenna activity of ozone-exposed bees by EAG (electroantennography) coupled or not with GC methods (gas chromatography). Moreover, through classical conditioning of honey bee PER (proboscis extension reflex), I explore both learning & memory processes and olfactory coding & perception at central level. Our approach is relatively new, and manuscripts are being written up for this project.
Before working on ozone effects, I lead and published several studies on the effects of pesticides on insect physiology, mainly on honey bees (in Toulouse, France, and Pretoria, South Africa) and also mosquitoes (Florida, USA). Notably, I characterized the effects of neonicotinoid pesticides on honey bee regulation and sugar taste (2016 – 2018); I detailed the roles of variants of a glutamate receptor on honey bee olfactory learning (2012 – 2014); and I explored new insecticide compounds specifically blocking potassium channels of Anopheles mosquitoes, including strains resistant to pyrethroids and carbamates (2018 – 2020)
I work at the nexus of many research fields such as neuroscience, nutrition, chemical ecology, toxicology, and integrated pest management (IPM), to which I can add technical skills in molecular & cell biology, electrophysiology, and data analysis.
Publications choisies / Selected bibliography
[Full list available on Google Scholar & ResearchGate – links above]
- Norris E., Démares F., Zhu X., & Bloomquist J. (2020). Mosquitocidal activity of p,p’-difluoro-diphenyl-trichloroethane (DFDT). Biochem. Physiol. 170, 104686. DOI: 10.1016/j.pestbp.2020.104686.
- Démares F., Coquerel Q., Richoux G., Linthicum K., Bernier U. & Bloomquist J. (2018) Fatty Acids and Related Kv2 Channel Blockers: Electrophysiology and Toxicity on Mosquitoes. Insects 9(4), 155. DOI: 10.3390/insects9040155.
- Démares F., Pirk C.W.W., Nicolson S.W. & Human H. (2018). Neonicotinoids decrease sucrose sensitivity of honey bees. J Insect Physiol. 108, 25-30. DOI: 10.1016/j.jinsphys.2018.05.004.
- Démares F.*, Tosi S.*, Nicolson S.W., Medrzycki, P., Pirk C.W.W., & Human H. (2016). Effects of a neonicotinoid pesticide on thermoregulation of African honey bees (Apis mellifera scutellata). J Insect Physiol. 93–94:56-63. DOI: 1016/j.jinsphys.2016.08.010.
- Pirk C.W.W, Strauss U., Yusuf A., Démares F. & Human H. (2015). Honeybee Health in Africa – a review. Apidologie 47 (3), 276-300. DOI: 10.1007/s13592-015-0406-6.
- Démares F., Drouard F., Massou I., Crattelet C., Loeuillet A., Bettiol. , Raymond V. & Armengaud C. (2014). Differential involvement of GluCl splice variants in olfactory memory processes of the honeybee Apis mellifera. Pharmacol Biochem Be. 124, 137-144. DOI: 10.1016/j.pbb.2014.05.025.
- Démares F., Raymond V. & Armengaud C. (2013). Expression and localization of glutamate-gated chloride channel variants in honeybee brain (Apis mellifera). Insect Biochem. Mol. Bio. 43 (1), 115–124. DOI: 10.1016/j.ibmb.2012.10.003.
Marilou DEMONGEOT
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Doctorante
Département Interaction, Écologie et Sociétés Équipe Interactions & Adaptations Bioculturelles CEFE/CNRS Bureau 211C et (+33)781952220 |
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Sujet de thèse
Contributions de l'agrobiodiversité et des savoirs locaux à l'adaptation aux changements climatiques.
Directrice et co-encadrante de thèse
Financement de la thèse
Cette thèse s’inscrit dans le cadre du projet ASSET (AgrobiodiverSity for a food Secure planET) financé par le programme Investissement d’Avenir Make Our Planet Great Again (MOPGA). Le financement de la thèse est assuré par la région Occitanie.
Contexte
L'objectif principal du projet ASSET est de tester les bénéfices de l'agrobiodiversité pour la stabilité temporelle de la production agricole, et ce, d'une échelle locale à une échelle globale dans un contexte de changement climatique. Les impacts du changement climatique sur l'agriculture sont multiples : ils portent à la fois sur la quantité et la qualité des produits agricoles, ils décalent les calendriers de semis et de récolte et augmentent l'imprévisibilité des rendements, accroissent les besoins en eau, la dégradation des sols et les risques parasitaires (Ademe, 2020).
Dans un contexte où l'intensification et la spécialisation de l'agriculture ont contribué à réduire la biodiversité, la fertilité des sols, la disponibilité et la qualité des ressources en eau et à augmenter l'émission de polluants et gaz à effet de serre, les systèmes agricoles fondés sur une agrobiodiversité élevée sont perçus à l'échelle internationale et nationale comme une solution à la fois d'atténuation du changement climatique et d'adaptation. Localement pourtant, les effets de l'agrobiodiversité sur la stabilisation de la production à l'échelle des fermes sont peu documentés (Renard, Tilman 2019), de même que les perceptions et les stratégies d'adaptation au changement climatique mis en œuvre par les petits agriculteurs.
Les petites exploitations, notamment les systèmes d'exploitation traditionnels et familiaux et les savoirs locaux qui y sont liés sont reconnus par la Convention pour la Diversité Biologique et par la Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques pour favoriser et maintenir une forte agrobiodiversité (Díaz et al 2018). Or ce sont ces mêmes exploitations qui subissent le plus durement les impacts du changement climatique (Morton, 2007). De plus, le changement climatique est un facteur parmi une imbrication de facteurs devant être pris en compte par les agriculteurs dans leurs choix de conduites de cultures (fluctuation des marchés agricoles ; politiques publiques régionale, nationale ou supranationale ; restructuration des filières ; etc.).
L'hypothèse principale développée dans ma thèse est que les savoirs locaux dans un contexte d'agriculture paysanne favorisent une agrobiodiversité qui elle-même sous-tend la résilience du socio-écosystème face au changement climatique. La mise en regard de deux terrains, en France et au Maroc, permettra de comprendre les freins et les leviers de l'adaptation aux conséquences du changement climatique par l'agrobiodiversité dans deux contextes de pratiques, de systèmes d'organisation sociale et de conditions environnementales différents.
Ademe, 2020. S'adapter au changement climatique, Angers, 20
Díaz, S., et al., 2018. Assessing nature's contributions to people. Science, 359(6373), pp270-272.
Morton, JF., 2007. The impacts of climate change on smallholder and subsistence agriculture. Proc. Natl Acad. Sci. USA 104, 19 68019 685.
Renard, D., Tilman, D., 2019. National food production stabilized by crop diversity. Nature 571, 257260.
Objectifs et méthodes
L’objectif de ma thèse est de mieux comprendre (1) les liens entre l’agrobiodiversité (les variétés de plantes cultivées), la production alimentaire et sa stabilité dans le temps (2) les usages et valeurs multiples liés à l’agrobiodiversité (3) les perceptions des changements environnementaux et les stratégies fondées sur la diversification face à l'imprévisibilité accrue par ces changements.
Pour répondre à ces questions, je combine des approches issues des sciences humaines et sociales (géographie, ethnoécologie), des sciences écologiques et agronomiques.
Mots clefs
Agrobiodiversité, adaptation, savoirs locaux, valeurs, changements climatiques
Publications
DEMONGEOT Marilou, RAYMOND Richard (2019) « Jardiner dans les rues de Paris et la fabrique de territoires urbains. Les figures de l’engagement révélées par les pratiques d’agriculture urbaine dans les quartiers parisiens de Stalingrad et de La Chapelle » in Ville et agriculture. Innovations architecturales, urbaines et territoriales, Éditions de l’Espérou, Séminaire INRA-SUPAGRO / LIFAM-ENSAM, sous la direction de Hassan Ait Haddou, Lambert Dousson, Brigitte Nougaredes, Pascale Scheromm, Christophe Soulard, Laurent Viala 167 p. ISBN : 97B-2-91-2261-96-0
DEMONGEOT Marilou, RAYMOND Richard et ROUSSET Élisa (2018), « La persévérance du jardinier. Condition d’une réappropriation de la ville par et pour la nature » in CLERGEAU Philippe (coord.), La biodiversité en ville dense : nouveaux regards, nouveaux dispositifs. Programme de recherche ECOVILLE. Synthèse opérationnelle. Plante & Cité, Angers, pp. 23-24
Communications
DEMONGEOT, Marilou « Contributions de l'agrobiodiversité et des savoirs locaux à l'adaptation aux changements climatiques dans le Nord du Maroc, démarche de recherche et premiers résultats », Med2020, « Méditerranée : l’expertise scientifique pour les décideurs, la recherche sur le climat et l’environnement au service des objectifs de développement durable », 16-18 novembre 2020
RENARD Delphine, DEMONGEOT Marilou « La diversification agricole pour la sécurité alimentaire face aux changements climatiques » Université Polydisciplinaire de Larache, 22 octobre 2019
DEMONGEOT Marilou, RAYMOND Richard, ROUSSET Élisa, « La "nature en ville" pour recréer de la diversité ? Retrouver des singularités locales pour faire face aux enjeux globaux », Colloque Diversité sociale et diversité écologique : vers plus de synergie ? ENS Ulm - 23 et 24 mai 2019
DEMONGEOT Marilou, GISCLARD Marie RAYMOND Richard, « Jardiner la ville pour se réapproprier les territoires urbains ? Écarts et dominations autour de la nature en ville » CIGAL, Rabastens, 12-16 juin 2019
DEMONGEOT Marilou, RAYMOND Richard, ROUSSET Elisa, SCAPINO Julie, WATISSEE Pauline « Appréciations et appropriations citoyennes », Présentation et visite de terrain. Journée technique Plante & Cité, IAU Ile-de-France - 15 rue Falguière, Paris, 4 juillet 2018.
DEMONGEOT Marilou, « Retours sur la participation habitante aux initiatives de végétalisation des quartiers de Stalingrad et La Chapelle – Paris ». Végétalisons Paris, Mairie du 18e arrondissement de Paris, Paris, 26 mars 2018.
DEMONGEOT Marilou et RAYMOND Richard, « La culture de la ville et la persévérance du jardinier. Les figures de l’engagement révélées par les pratiques d’agriculture urbaine dans les quartiers parisiens de Stalingrad et de La Chapelle », Ville et Agriculture. Innovations architecturales, urbaines et territoriales. ENSAM, INRA, Sup-Agro Montpellier, Montpellier, 20 juin 2017 https://vaiaut2017.sciencesconf.org/
Enseignement
UE « Ethnobotanique et Interactions bioculturelles » à l’Université de Montpellier 2
Rapports
DEMONGEOT Marilou (2019) Transitions et cohésion des territoires, rapport pour la mission Gouvernance de l’environnement, sciences et société, Service de la recherche, Commissariat général au développement durable, Ministère de la transition écologique et solidaire
DEMONGEOT Marilou (2017) La culture de la ville et la persévérance du jardinier : Les figures de l’engagement révélées par les pratiques d’agriculture urbaine dans les quartiers parisiens de Stalingrad et de La Chapelle, mémoire de Master 1 Environnement et Risques, sous la dir. de Richard RAYMOND (CNRS) et Julien BLANC (MNHN), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 144 p.
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